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KILLING JOKE
Cabaret, décembre 2010

Ça faisait combien d'années que la légendaire formation post-punk anglaise Killing Joke ne nous avait pas rendu visite? Aucune idée mais, chose certaine, le chanteur Jaz Coleman, le batteur Big Paul Ferguson, le bassiste Youth et le guitariste Geordie Walker, tous présents sur la scène du Cabaret hier soir (une salle qui fermera bientôt ses portes), ont lancé un nouvel album, le très bon Absolute Dissent, il y a quelques mois, et c'était la toute première fois que ce quatuor se réunissait en studio depuis... 1983! Accompagnés d'un jeune claviériste, les quatre lascars ont offert 18 pièces, dont plusieurs du nouvel album (Absolute Dissent, The Great Cull, European Super State (en version plus rock), This World Hell, Ghosts Of Ladbroke Grove), à une petite foule ravie de voir ou de revoir les grimaces de Jaz, un bonhomme qui, affublé de son jumpsuit, s'amuse à jouer au leader complètement possédé d'une secte religieuse menaçante.

Après la prestation plutôt banale du groupe rockabilly-gothique local The Crypt Club (pensez The Horrors, premier album, mais en beaucoup moins bon), KJ s'est avancé sur scène au son d'une musique pompeuse. Mise en contexte : le spectacle d'hier soir était présenté comme le dernier du Cabaret. Le fait que ce soit Killing Joke, un groupe qui existe depuis la fin des années 70 et qui a exercé une forte influence sur bon nombre des plus gros noms de la scène métal et alternative, que ce soit Nine Inch Nails, Metallica (qui a repris The Wait) ou Nirvana (qui s'est volontairement inspiré de la mélodie de l'excellente Eighties pour composer Come As You Are), Killing Joke, donc, qui se voit décerner l'honneur de mettre un terme à l'histoire de cette salle montréalaise ajoutait définitivement au caractère spécial de la soirée. Cependant, pour être franc, la formation ne nous a pas offert une prestation mémorable. Certes, c'était très bon, ne serait-ce que parce que le groupe a offert plusieurs de ses classiques tels Pssyche, Requiem, Wardance, Asteroid, The Wait, This Is Madness et Change, sans oublier Primitive, Eighties et Pandemonium, tous trois livrés au rappel (eh non, pas de Love Like Blood, sa chanson la plus connue), mais il manquait cette aura de danger qui confère habituellement à KJ une force particulièrement destructrice. Peut-être était-ce à cause de la perte du bassiste Paul Raven, qui a longtemps été une des figures de proue de Killing Joke et qu'on a pu voir sur scène avec Ministry durant les années 2000 - malheureusement, Raven a quitté ce monde en 2007. Bien sûr, Youth, devenu un producteur bien connu au fil des ans, a livré la marchandise, mais son approche est plus ludique et moins "métal" que celle de feu Raven.

Ceci dit, sur les planches, c'est Coleman qui attire l'attention, avec ses mimiques de fou furieux, son regard et son sourire démentiels ainsi que ses propos politisés livrés entre les chansons - parfois durant les chansons - que l'on saisit plus ou moins. Un vrai showman! Le monsieur en impose et on prend toujours plaisir à le suivre des yeux. Bref, dans l'ensemble, on imagine que personne n'a regretté sa dernière soirée au Cabaret. Même si les murs ne se sont pas effondrés après le passage de Killing Joke.