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LONEY DEAR
Schubas (Chicago), mars 2009

Texte et photo: Raphaël Gendron-Martin
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Pour cette première critique de spectacle à Chicago, quoi de mieux que d'aller voir une prestation au Schubas, le bar/salle de concert qui possède l'une des meilleures réputations dans la Ville des vents. C'est qu'au fil des années, le Schubas, situé dans le quartier Lakeview à quelques minutes de marche du Wrigley Field, s'est fait un point d'honneur de recevoir des artistes juste avant que leur popularité n'explose. Avec une programmation que l'on pourrait comparer à celle de la Sala Rossa, l'établissement reçoit d'excellents groupes à toutes les semaines dans sa petite salle d'à peine 150 places. Sont ainsi déjà passés par là: The Dave Matthews Band, Death Cab For Cutie, Tori Amos, Sufjan Stevens et Wolf Parade.

Ce dimanche, c'était au tour de la formation suédoise Loney Dear de fouler les planches. On a beaucoup parlé de la scène musicale suédoise dernièrement avec les succès de Peter, Bjorn and John et des Teddybears (on va passer sous silence le passé lointain avec ABBA, Roxette et Ace of Base!). Loney Dear fait partie de cette nouvelle vague bien inspirante.

Heureusement que je n'habite pas trop loin de la salle, car la météo, le jour du spectacle, n'était pas trop propice aux sorties extérieures (mélange de neige et de vent, bref, presque une tempête). Peut-être en raison des caprices de Dame nature, la petite salle du Schubas n'était même pas remplie à pleine capacité pour la rare, mais très appréciée, visite de ces joyeux musiciens européens.

Ayant dû attendre l'arrivée de mon accompagnatrice, j'ai manqué la totalité de la prestation de l'artiste en première partie, Anni Rossi, une musicienne de Los Angeles qui habite Chicago. Emil Svanängen, chanteur et leader de Loney Dear, est finalement arrivé sur la scène vers 22h15, en compagnie de ses quatre comparses. Fait cocasse à noter, la scène du Schubas étant si petite, il n'y a pas de coulisses. Avant que le spectacle ne commence, le groupe doit donc attendre... dehors! Il y a une porte juste à côté de la scène qui donne directement à l'extérieur et le groupe fait son entrée de cette façon. Tout comme à la fin du spectacle, avant de revenir pour le rappel, il doit aussi aller se les geler dehors pendant quelques secondes. Ça, c'est rock n' roll!

Le nouvel opus de Loney Dear, Dear John, étant nettement moins mélodramatique et beaucoup plus dansant que le précédent, Loney, Noir, on était en droit de s'attendre à un spectacle relativement rythmé. Et c'est exactement ce qu'on a eu, le groupe ne ménageant pas les superpositions d'instruments et proposant des arrangements très rythmés. Évidemment, "l'ancien" Loney Dear folk et mélo revenait parfois pour quelques pièces bien émouvantes. Sur scène, il était drôle de regarder le visiblement timide Emil. Excellent musicien, il ne pouvait toutefois pas trahir sa nervosité et sympathique maladresse. "Excusez-moi, je ne sais pas trop quoi dire entre les chansons, a-t-il lancé à la foule. Nous sommes plutôt habitués à faire des premières parties...". C'est presque comme si le groupe s'excusait même d'être là. "Sorry for everything", a même dit Emil au micro, vers la fin de son excellente prestation, faisant rire immédiatement la foule.

Le chanteur n'avait vraiment pas de quoi s'excuser, lui qui a livré une solide prestation, empreinte d'un charme européen contagieux. Emil, dont la voix peut ressembler à celle du chanteur du défunt groupe Grandaddy, ou d'un lointain cousin de Thom Yorke, n'a pas manqué de faire participer la foule pour les choeurs de deux pièces. Tout à coup, les frissons me parcouraient tout le corps. Et ce n'était pas seulement parce que j'étais placé directement sous un ventilateur!

Personnellement, c'est rare que j'assiste à des spectacles où la magie opère totalement entre le band et la foule. Pour le concert de Loney Dear, c'était assurément le cas. Tous les ingrédients étaient là pour faire de cette soirée un moment inoubliable. Moi qui suis allé voir plusieurs shows au Schubas, il arrive fréquemment que le spectacle principal se conclut sans aucun rappel. Eh bien, Loney Dear en a donné deux. Ça vous donne une petite idée à quel point les gens ont aimé.