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A.C. NEWMAN
Logan Square Auditorium (Chicago), mars 2009

Texte et photo: Raphaël Gendron-Martin

Mentionnons-le d'emblée: je suis un grand fan des New Pornographers. J'ai vu ce groupe canadien à plusieurs reprises en spectacle et je n'ai jamais été déçu. Tout comme j'apprécie presque à part égale chacun des quatre albums de la formation. Son leader, A.C. Newman, a de son côté lancé deux disques en solo, le plus récent ayant pour titre Get Guilty. Normalement, lorsqu'un chanteur s'aventure en solitaire, c'est pour explorer un style musical différent de celui de son groupe. Mais dans le cas de Newman, on navigue véritablement dans les mêmes eaux que les New Porns.

Le chanteur à la chevelure rousse était en visite au Logan Square Auditorium cette semaine. Avant de m'y rendre, je trouvais que la salle (environ 750 places) était nettement trop grande pour ce concert. Mes appréhensions ont été confirmées lorsque je me suis rendu compte que le balcon avait été fermé et que le parterre était loin d'être rempli.

C'est donc devant une poignée de spectateurs que le groupe en première partie, The Broken West, s'est amené. La formation californienne propose du smooth rock bien générique et fortement inspiré du milieu des années 90. C'est lorsque les musiciens semblent s'éloigner du format traditionnel de leurs chansons (en "jammant" longuement) que la prestation s'apprécie le plus.

Dès l'arrivé de Newman et ses collègues, j'ai eu l'impression d'y voir une copie des New Pornographers. En effet, le chanteur a beau être "en solo", il est tout de même entouré de cinq musiciens. À sa droite, une violoniste à la tignasse rousse, elle aussi, ressemble à s'y méprendre à Neko Case, la choriste des New Porns. Et de l'autre côté de Newman, on retrouve une autre femme qui pourrait bien jouer le rôle de Kathryn Calder. Bref, on se croirait devant la formation B des New Pornographers. Bien étrange comme sensation!

Heureusement, Newman et ses camarades ont rapidement dissipé les doutes que j'avais en offrant une prestation presque survoltée. Mais malheureusement, le son de la batterie a enterré plus souvent qu'autrement les autres instruments. Il faut dire que le Logan Square n'est pas réputé pour avoir le meilleur son, la configuration de la salle favorisant l'écho.

Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'humour dont fait preuve A.C. entre les chansons, détail qui m'avait échappé dans les spectacles des New Pornographers. Ou peut-être qu'en étant en solo, le chanteur lâche davantage son fou? Ainsi, avant d'amorcer une pièce, il la dédie "à l'enfant chéri de Chicago, Matt Damon" (sachant fort bien que le célèbre acteur est natif de Boston). Ou bien, lorsqu'il joue une nouvelle pièce, il souligne que celle-ci fait partie d'une nouvelle compilation de Starbucks, de "musique indie non menaçante ("non threatening indie rock"). J'aime bien savoir que je fais de la musique non menaçante", a lancé le chanteur.

En fin de parcours, le groupe a trouvé un nouveau moyen de faire un rappel. Au lieu de quitter la scène comme le font normalement les artistes, tous les musiciens sont restés sur place, mais en tournant le dos à la foule. Et au bout de plusieurs secondes d'applaudissement, ils se sont retournés pour faire leur rappel. Sympa. "Merci! Normalement, nous ne faisons pas de rappel. Nous jouons plutôt jusqu'à ce que tout le monde s'en aille", a conclu A.C. Newman, faisant une fois de plus rigoler la foule.