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éditolego
31 mars 2009
Le festival montréalais Osheaga en est maintenant à sa quatrième édition, et l'on peut considérer cela comme un petit exploit en soi. Né en 2006, Osheaga se veut une sorte de réponse canadienne (voire même québécoise) à Coachella ou à Lollapalooza ou même à Glastonbury, à plus petite échelle, bien entendu. Après trois premières moutures qui ont plus ou moins attiré les foules (le festival métal Heavy MTL, qui en était à sa toute première édition en 2008, a d'ailleurs clairement battu Osheaga 08 en terme d'assistance), on croyait qu'une quatrième édition d'Osheaga était hautement improbable, étant donné le nombre décevant de billets vendus et le supposé déficit accumulé par les promoteurs. Mais voilà que, à la surprise presque générale, Osheaga revient en force avec non pas deux mais quatre jours de festivités, ainsi que deux têtes d'affiche pas piquées des vers : Coldplay et les Beastie Boys, deux groupes rassembleurs qui parviennent aisément à remplir le Centre Bell. On parle donc ici d'un total probable de 40 000 personnes qui se pointeront sur l'île Ste-Hélène les 1er et 2 août prochains (d'autres concerts auront lieu dans la ville de Montréal durant les deux journées précédentes).

On ne peut que féliciter les promoteurs, qui ont réussi à retenir des groupes et artistes intéressants et acclamés par la critique (Rufus Wainwright, The Roots, Girl Talk, Crystal Castles, Lykke Li et Arctic Monkeys, pour ne nommer qu'eux, seront également de la partie) en plus de bonifier la durée du festival. En vérité, cette édition-ci est clairement la plus alléchante et sera fort probablement la plus populaire des quatre éditions d'Osheaga. Sauf que...

Précisons tout de suite que le but de cet édito n'est pas de cracher dans la soupe d'Osheaga, bien au contraire. Les promoteurs font des efforts surhumains pour attirer les groupes de l'heure dans la Belle Province durant la période des festivals, ce qui n'est jamais aisé, étant donné, justement, le nombre de plus en plus élevé de festivals en Amérique du Nord. Mais il y a un bémol : lorsqu'on découvre que le festival All Points West, situé au New Jersey, très près de Manhattan, et qui se déroule du 31 juillet au 2 août, met en vedette Coldplay, les Beastie Boys, Crystal Castles, Arctic Monkeys, The Ting Tings et Lykke Li, on se rend compte que sans All Points West, il n'y aurait certainement pas eu de Osheaga. Pas sûr que Coldplay, les Beastie Boys et leurs comparses auraient accepté de donner un concert au Québec si les organisateurs de All Points West ne les avaient pas contacté auparavant. Ainsi, on ressent donc la vilaine impression que le festival Osheaga n'est pas tellement "exclusif" - ce qu'un festival est supposé être, non? - et qu'il dépend plutôt des décisions des promoteurs des autres festivals à proximité, certains ayant lieu cet été à Toronto et dans l'état de New York. On peut aussi ajouter le Lollapalooza de Chicago dans la balance, qui réunit et retient à lui seul un tas de gros noms (Beastie Boys, Jane's Addiction, Depeche Mode, Tool, The Killers, etc.)

De plus, et au risque de passer pour un rabat-joie, les Beasties ont donné un concert au Centre Bell en 2007 et c'était carrément mauvais. On aime bien Arctic Monkeys, mais c'est, quoi, la 7e fois que le groupe anglais donne un show à Montréal? On ne peut pas dire que Rufus Wainwright est une denrée rare par chez nous. Girl Talk a offert une prestation au Metropolis pas plus tard qu'en novembre dernier. Pire, Lykke Li était au Club Soda en février! Quant à Coldplay... Disons que ce groupe pop-rock ne fait pas l'unanimité parmi les mélomanes (c'est une toute autre histoire pour les gens qui n'écoutent que la radio).

Mais bon, on appelle ça se plaindre le ventre plein. Osheaga demeure un beau festival, bien organisé, agréable, où on est toujours certain de passer un minimum de bon temps (Iggy Pop l'été dernier, hello!). Et cette année, il faut bien admettre qu'on a très hâte de savoir ce qui va se tramer en ville les 30 et 31 juillet. Quels artistes et groupes se pointeront, et dans quelles salles au juste? Car il ne faut pas oublier que la liste des invités d'Osheaga 09 n'est pas encore complétée...





29 juillet 2008 - Le 9 août prochain, je pourrai souligner mon 20e anniversaire en tant que spectateur de concerts musicaux. Mon premier show "payant" à vie? David Lee Roth (et Poison) au Forum. Ouais, j'ai vu Diamond Dave surfer au-dessus de la foule montréalaise! Le billet m'avait coûté 23$, taxes et frais inclus.

Ce qui m'amène à parler du plus grand changement observé dans l'industrie du spectacle musical à Montréal depuis 1988: le prix du billet. En vingt ans, le prix moyen d'un billet de concert a carrément doublé, passant de 20$ à 40$. Et ce n'est qu'une moyenne qui est loin d'être toujours respectée. Par exemple, j'ai vu The Cult au Forum en 1989, qui s'est avérée la dernière année du règne de ce groupe aujourd'hui has been. Le billet m'avait coûté 25$. Il y a quelques mois, The Cult est revenu à Montréal pour donner un concert à l'Olympia. Le billet coûtait plus de 50$. Autre exemple, plus marquant encore: j'ai vu Tool au Metropolis en 1994 pour la modique somme de 16$ (vous avez bien lu). Tool se produit maintenant au Centre Bell et ses fans doivent débourser dans les 60$ pour le voir à l'oeuvre. Ahurissant, non?

Loin de moi l'idée de passer pour un vieux bougon qui regrette la belle époque des Mustang flambant neuves à 3000$ et des barres de chocolat à dix sous - sans compter que j'ai déjà abordé le même sujet dans un précédent édito (voir plus bas) - mais alors que l'industrie du disque continue de mourir à petit feu, il est fort intéressant de constater que l'industrie du spectacle, elle, continue de fleurir. Remarquez que les artistes et groupes n'ont plus le choix de demander un gros prix pour leurs spectacles, étant donné qu'ils ne font presque plus d'argent avec la vente de leurs albums. N'empêche, cette économie en pleine santé porte à réfléchir... et à faire bien attention à notre portefeuille. Le bon côté de l'affaire, c'est qu'il n'existe aujourd'hui presque plus d'artistes qui boudent Montréal durant leur itinéraire de tournée. Une situation comme celle des Red Hot Chili Peppers, qui avaient toujours refusé de mettre les pieds ici avant l'année 2000 sous prétexte de taxes trop élevées perçues par les promoteurs québécois (bien piètre excuse, mais bon...), ne risque plus de se reproduire maintenant que les artistes gagnent la majeure partie de leur salaire sur une scène. La vitalité et la persévérance des promoteurs d'aujourd'hui est également à souligner; on pense au Groupe Gillett, qui a remplacé Donald K Donald au niveau des événements majeurs, ou encore à Greenland. Cependant, qui dit vitalité dit billet de plus en plus dispendieux, taxes et frais de service en sus. Décidément, on n'y échappe pas.





13 février 2007 - En avril prochain, le Hammersmith Palais de Londres, une salle mythique qui a accueilli des formations légendaires comme The Sex Pistols, The Rolling Stones, Bauhaus, U2 et The Clash (qui a immortalisé l'endroit grâce à sa chanson (White Man) In Hammersmith Palais), sera détruit pour faire place à un restaurant ainsi qu'à des espaces de bureaux. Le Palais existait depuis 90 ans.

En octobre dernier, Hilly Kristal a été obligé de fermer les portes de son célèbre CBGB, et ce, pour une dispute de loyer. Kristal tente maintenant de déménager le regretté club new-yorkais... à Las Vegas.

Chez nous, le Spectrum, qui existe depuis 1982, est menacé de destruction cet été (des spectacles y sont quand même prévus jusqu'au début du mois de juillet). Une pétition circule présentement dans Internet afin de sauver d'une mort presque certaine la salle aux fameux lumignons accrochés à ses murs. Par contre, le Café Campus fêtait tout récemment ses 40 ans d'existence. Notons toutefois que le Campus a subi un déménagement de plusieurs kilomètres de distance durant les années 90.

Tout cela pour dire que les salles de concert ne sont pas éternelles. En vérité, aucune salle n'est intouchable. On regarde désormais des films au Forum de Montréal. En Angleterre, le Wembley Stadium a été détruit en 2002, après 78 ans d'histoire. Plus près de nous, les Foufounes Électriques ne présentent presque plus de shows. Et alors? La Tulipe (ex-Théâtre des Variétés) et le Théâtre Olympia connaissent une belle renaissance. Le Centre Bell commence à se doter d'une âme. Et bien des petites et moyennes salles poussent comme des champignons - le Saints Showbar, le Lambi... Qui sait, l'un de ces nouveaux établissements deviendra peut-être le prochain Spectrum? D'autant plus que certains groupes et artistes nous forcent à visiter des lieux qu'on ne soupçonnait même pas d'exister, encore moins d'accueillir un concert - Arcade Fire à la Fédération Ukranienne par exemple. Oui, il est vrai que le décès prochain du Spectrum est regrettable. Mais à quoi cela peut bien servir de pleurnicher sur la nostalgie du passé (la grande majorité des meilleurs souvenirs des opposants à l'élimination du Spectrum datent du début des années 90)? De nouveaux endroits excitants s'offrent présentement à nous. Profitons-en.





13 août 2006 - Lors du concert de la formation nü metal Deftones qui s'est déroulé le 30 juillet dernier à Atlanta dans le cadre du Family Values Tour présidé cette année par Korn, un jeune homme est mort. Pas parce qu'il a été écrasé lors d'un intense mouvement de foule ou parce qu'il n'a pas assez bu de liquide. Ni même parce qu'il s'est cassé le cou en se jetant de la scène pour une séance de crowd surfing. Non, Andrew Richardson, 30 ans, est mort parce qu'il a demandé à deux grands gaillards en face de lui de se tasser un peu pour qu'il puisse mieux voir le concert.

En vérité, Richardson se trouvait à la limite du mosh pit en compagnie de sa petite amie enceinte et d'un enfant handicapé mentalement. Il a tout simplement demandé aux deux grands gars de faire attention à sa copine et de se déplacer légèrement pour que l'enfant puisse mieux voir le show. Dans un élan de frustration, l'un des deux gaillards, Michael Scott Axley, un garçon de 24 ans, s'est retourné vers Richardson et lui a asséné un violent coup de poing sur la tête. Richardson s'est écroulé sur le sol bétonné de la salle, inconscient. Il a été immédiatement transporté à l'hôpital grâce à l'aide de témoins de la scène. Deux jours plus tard, Richardson décédait des suites d'une importante hémorragie au cerveau. Axley a été retrouvé par la police et a été accusé de meurtre non-prémédité.

Cette malheureuse histoire soulève une fois de plus la question de la courtoisie lors d'un concert. D'accord, il est légitime de se demander pourquoi Richardson a traîné sa petite amie enceinte près du mosh pit. Mais la violence engendrée par ses demandes était tout à fait gratuite. L'autre question maintenant: lorsqu'on est grand, devrait-on nécessairement se tenir à l'arrière de la salle, afin de n'obstruer la vue de personne? C'est un débat qui fait rage parmi la communauté des amateurs de shows. Les avis sont clairement partagés: la moitié affirme que ce devrait être l'évidence même et que les gars de plus de 5' 10" devraient rester en arrière tandis que l'autre moitié, celle composée de grands gars justement, prétend qu'elle paye le même prix que tout le monde et qu'elle a droit de se tenir n'importe où dans la salle. "Je devrais me sentir persona non grata ou, pire, opprimé dans ma liberté parce que je mesure 6' 2"? Ridicule!" peut-on lire sur un forum de discussion consacré au sujet.

On y revient mais la courtoisie semble être la seule solution au "problème". On formule calmement ses demandes, on discute sans rouler des poings et on prend soin de son prochain dans le mosh pit. Les jeunes fans de la nouvelle génération hardcore ont bien compris ces principes de base, eux qui semblent plus violents que jamais au pied de la scène mais qui ne heurtent jamais personne, sinon par accident. Faut-il le rappeler, la mort d'Andy Richardson n'a rien à voir avec la musique dite agressive. Elle a tout à voir avec la stupidité humaine.





15 juin 2005 - À l'été 1992, le 8 août pour être plus précis, Guns N' Roses, Metallica et Faith No More se produisaient tous trois au Stade Olympique de Montréal. Dans le monde du hard rock et du métal de l'époque, on peut affirmer sans se tromper que GNR et Metallica étaient les deux plus gros noms du genre. Rappelez-vous, 1992, c'était un an seulement après la parution du Black Album et de Use Your Illusion I et II. Bon, on sait tous de quelle déplorable manière ce méga-concert s'est terminé (une sérieuse brûlure au bras pour James Hetfield et, après neuf chansons seulement, un départ précipité d'Axl Rose, de Slash et du reste de la bande, ce qui a provoqué l'une des rares émeutes causées par un spectacle musical que Montréal ait connue) mais il est tout de même très intéressant de souligner que le prix du billet pour assister à ce concert était de 40$. Toutes taxes incluses.

Essayez maintenant de vous imaginer le coût d'un spectacle de même envergure en 2005. Les deux formations les plus big de l'univers rock, accompagnés d'une première partie fort respectée des amateurs, tout cela dans la plus grande enceinte de la ville. Combien seriez-vous prêt à payer pour être là, sur place? 150$? 200$? Le 10 janvier prochain, les Rolling Stones se produiront au Centre Bell. Les billets les moins chers, c'est-à-dire les sièges d'où l'on ne voit rien, se vendent 60$. Les places les plus dispendieuses s'envoleront, elles, pour 350$. Vous avez bien lu.

Et elles s'envoleront, oui, car elles trouveront toutes preneurs, vous pouvez gager votre copie vinyl originale de Sticky Fingers (celle avec la vraie fermeture-éclair) là-dessus. Soit dit en passant, 350$, c'est un record absolu pour un billet de spectacle à Montréal. Le précédent record était de 300$ et il appartenait... aux Rolling Stones. D'accord, le show de Guns N' Roses et Metallica, c'était il y a treize ans. Et plus personne ne donne de spectacle au Stade (en vérité, plus personne ne s'intéresse au Stade, fort heureusement d'ailleurs). Mais est-ce qu'une performance des Stones, tout légendaires qu'ils soient, vaut vraiment 350$? Tenter de répondre à la question, c'est un peu comme tenter de justifier le salaire des joueurs de hockey de la LNH avant la grève. Une question d'offre et de demande, tout simplement. Et, dans le cas des papis du rock 'n roll, énorme demande il y a.

Je ne sais pas pour vous mais, personnellement, je n'ai jamais déboursé plus de 100$ pour voir un artiste ou un groupe sur une scène. Et je ne m'imagine pas dépasser cette limite un jour. Mais, au rythme où vont les choses, dans un avenir rapproché, je n'aurai peut-être pas le choix. On dirait que l'industrie du spectacle est présentement plongée dans une folle démesure monétaire dont pâtit le jeune mélomane au salaire moyen. Et rien ne semble vouloir stopper la cavalerie emballée. Quand on pense que lorsque The Killers, un ensemble qui n'existe que depuis trois ans et qui n'a qu'un seul album à son actif, s'est produit au Metropolis en juin dernier, le billet coûtait 35$. Avant taxes. Pour voir Weezer et les Pixies en juillet, il faut sortir 55$ de son portefeuille, encore là sans compter les taxes. Pour Coldplay en août, c'est 60$ qu'il faut débourser. 50$ pour Avril Lavigne en septembre. 45$ pour Green Day. Même chose pour les White Stripes. 60$ pour Pearl Jam. Au risque de paraître nostalgique (et de me répéter), on pouvait voir Guns N' Roses, Metallica et Faith No More au Stade Olympique pour 40$, toutes taxes incluses, il n'y a même pas quinze ans de cela. On en vient presque à espérer une grève avec des résultats semblables à ceux que subiront les joueurs de la LNH...





9 décembre 2004 - L'assassinat (car il s'agit exactement de cela) sur scène, en pleine prestation, du guitariste de la formation métal Damageplan "Dimebag" Darrell Abbott, surtout connu pour avoir été un membre de Pantera, est tout simplement incompréhensible. Comment la sécurité du Alrosa Villa, une salle de spectacles de Columbus en Ohio, a pu laisser passer un jeune homme armé qui a grimpé sur la scène dès que Damageplan a entamé sa première pièce en sortant un revolver et en tirant à bout portant sur Dimebag et ensuite sur la foule? Incompréhensible et tout à fait horrifiant.

En lisant les détails de cette horrible mais pourtant vraie histoire (cinq morts au total, dont deux fans et l'assassin, finalement descendu par un policier qui passait près de la salle par hasard), on pense immédiatement à Bowling For Columbine, l'excellent documentaire de Michael Moore. Avec un plus grand contrôle des armes à feu au pays de Dubya, cette véritable tragédie ne serait probablement pas arrivée. Mais vous connaissez les Américains. La musique heavy metal sera blâmée en premier lieu. Le lien Columbus-Columbine sera probablement établi. On ne s'étonnerait même pas si Marilyn Manson et sa néfaste influence sur les jeunes était ressortie des limbes...

Tout cela fait peur. Oublions qu'un guitariste heavy metal, aussi émérite soit-il, ait été descendu et concentrons-nous sur l'acte en tant que tel. Depuis quand les salles de spectacles sont devenus des lieux de règlements de comptes pour sauvages (l'assassin aurait crié quelque chose à propos de la séparation de Pantera avant de tirer sur Dimebag)? N'y a-t-il plus aucun endroit où un fan ou un simple spectateur peut se sentir en sécurité? Après le mosh pit, les gardiens de sécurité récalcitrants et les effets pyrotechniques qui déraillent, faudra-t-il aussi se surveiller au cas où un fan fou furieux voudrait faire la peau de l'artiste sur scène? D'accord, un tel acte de violence risque beaucoup moins de se passer au Canada qu'au sud de notre frontière mais tout de même, ça porte à réfléchir.

L'assassinat de Jam Master Jay en 2002 avait jeté la consternation au sein de la communauté hip-hop, pourtant reputée pour sa culture violente. Parce que Jay, le DJ de Run-DMC, était un pacifiste notoire. Dimebag n'était peut-être pas un saint mais il est mort de la main d'un fou, sur scène, devant des centaines de spectateurs, des spectateurs qui ont également eu droit aux visées du tueur. Et ça, ça donne encore plus froid dans le dos.





25 octobre 2004 - Avez-vous regardé l'émission Saturday Night Live du 23 octobre dernier? Les invités étaient Jude Law et Ashlee Simpson, petite soeur de Jessica. Si vous l'avez raté, vous avez raté un grand moment de télévision. Ou plutôt, un grand moment dans l'histoire des prestations musicales données en direct à la télévision.

Au moment de démarrer sa chanson Autobiography, "Ash" a laissé rouler la bande pré-enregistrée vocale de son tube Pieces Of Me (qu'elle avait interprété sans "problème" plus tôt dans l'émission) avant de pouvoir porter le micro à ses lèvres, ratant complètement son "cue". Avec le résultat que toute l'assistance (et on ne parle pas des millions de téléspectateurs qui écoutent religieusement SNL à chaque samedi soir) a pu constater que Ashlee Simpson, une fille de 20 ans qui essaie de devenir plus populaire que sa soeur, s'apprêtait à faire du lip-sync. Visiblement embarrassée, l'aspirante chanteuse et actrice aux cheveux de jais et au nez prononcé a effectué une petite gigue avant de s'éclipser en douce hors de la scène, laissant ses musiciens emboîter le pas avec des sourires jaunes collés sur leur visage, attendant impatiemment que les publicités apparaissent au petit écran pour mettre fin à leur calvaire. Aussi pathétique que pissant.

Mais à l'ère Britney Spears, faut-il s'étonner de cet affreux faux pas, tellement gênant qu'être à sa place, on ne serait même pas sorti de notre loge pour saluer les spectateurs et les téléspectateurs à la fin de l'enregistrement? Ashlee s'est présentée quand même devant tout le monde, toute contrite, et a poussé l'insulte jusqu'à blâmer ses musiciens pour son erreur! "My band started playing the wrong song!". Quand on est prêt à descendre bas, on n'hésite jamais à descendre encore plus bas. Ses musiciens n'avaient rien à voir dans cette lamentable contre-performance de Simpson. D'ailleurs, deux jours plus tard, la "chanteuse" continuait de blâmer tout et n'importe quoi: son batteur (pour ne pas avoir appuyé sur le bon bouton!), sa grande fatigue et même une obscure maladie chronique de reflux gastrique, n'importe quelle bêtise finalement pour camoufler ce qui est pourtant parfaitement clair: le manque de talent évident d'Ashlee Simpson. Comme si ce n'était pas assez, Joe Simpson, le papa-gérant de la petite, est allé dire sur les ondes d'une radio de L.A. que les gens qui ont assisté à ce qui constitue probablement le début de la fin de la carrière de sa "plus jeune" ne devraient pas se sentir offusqués. "Comme tous les artistes américains, Ashlee utilise la post-syncro pour masquer les croassements qu'on pourrait entendre à la télévision (???). Tous les artistes que je connais ont combattu des problèmes vocaux, Céline Dion comme tout le monde. Alors nous avons fait ce qu'il y avait à faire". C'est-à-dire tenter de tromper la populace.

Car il est justement là, le problème. La post-syncro, play-back, lip-sync, alleluïa, est désormais monnaie courante dans les galas télévisés et aussi dans les concerts à large déploiement. Elle a toujours été là, remarquez (en tout cas, depuis les années 80 au moins) mais on dirait que plus personne ne se gêne pour l'utiliser à satiété. La Brit, Janet Jackson, Hilary Duff, nommez toutes les aspirantes au trône de la pop américaine et très peu d'entre elles peuvent se targuer de chanter réellement lorsqu'elles se trouvent sur une scène. Même Madonna (et Céline Dion, selon Joe Simpson) utilise aujourd'hui la post-syncro sans aucune pudeur. Et il semble que plus personne ne se plaigne de cet état des choses, malgré le fait que le coût d'un billet de spectacle continue de grimper, année après année. Comble de l'ironie, Ashlee affirmait à un magazine plus tôt cette année: "Je suis tout à fait contre le lip-sync et offusquée par les artistes qui le font. Je vais montrer mon vrai talent et je ne me contenterai pas seulement de danser. Personnellement, je ne ferai jamais de lip-sync. It's just not me."

J'espère que la gaffe monumentale de Ashlee Simpson servira de "wake-up call" en la matière. Et si l'on se fie aux nombreux messages d'insulte publiés sur le site officiel de la soeur de Jessica (plus de 12 000 and counting), le wake-up call semble être bien amorcé.





16 juillet 2004 - Les Québécois, plus particulièrement les Montréalais, peuvent être fiers. Leur Centre Bell occupe le premier rang en Amérique du Nord pour la plus grande affluence pour un amphithéâtre. Autrement dit, le Centre Bell est l'amphithéâtre qui vend le plus de billets en Amérique du Nord. Eh oui, plus que le vénérable Madison Square Garden de New York, plus que le Staples Center de Los Angeles, plus que le St. Pete Times Forum de Tampa, plus que le Air Canada Center de Toronto... là où Madonna effectue présentement un séjour de trois jours. Car voilà, l'envieux rang mondial du Centre Bell (le Manchester Evening News Arena, en Angleterre, occupe le tout premier rang mondial) constitue un exploit admirable, c'est le moins que l'on puisse dire, mais une certaine mentalité demeure bien ancrée chez les superstars musicales, une certaine notion condescendante qui se déplore encore et toujours en 2004: Montréal, et le Québec par le fait-même, est considéré comme un marché secondaire au Canada, comparativement à Toronto ou à Vancouver. Sinon, comment expliquer la présence de Madonna au Air Canada Center le temps de trois soirées alors qu'elle ne donne aucun concert en sol montréalais, elle qui pourtant a déjà donné des spectacles ici? Et la Material Mom ne constitue qu'un exemple parmi beaucoup d'autres.

Bon, il est vrai que Montréal n'est plus autant boudée (ou plutôt snobée) qu'auparavant. L'ère du "Je donne un concert à Toronto, je couvre donc le Canada au complet" est (presque) révolue. Avec l'arrivée ces dernières années d'un bureau de la compagnie House of Blues (qui a été englouti par Groupe Spectacles Gillett) à Montréal, la donne a changé et plusieurs grosses tournées importantes s'arrêtent désormais ici, ce qui n'était pas le cas auparavant (rappelez-vous tous les bons concerts qui passaient toujours par Toronto et jamais par Montréal il n'y a pas si longtemps). Mais il est inconcevable qu'un amphithéâtre aussi prospère que le Centre Bell (merci aux Canadiens et aussi à Don Juan, Star Académie et tous ces grands spectacles de variété familiaux) ne réussit pas systématiquement à toujours imposer à un artiste, si grand soit-il, un arrêt chez nous. La faute au promoteur? Beaucoup moins souvent qu'on le croit.

Lors de son dernier passage au Centre Bell, le billet pour le concert de Bruce Springsteen se vendait, avant taxes et service, 115$, un prix unique pour TOUS les sièges de l'amphithéâtre. Pourquoi un prix aussi prohibitif? Parce que le Boss avait exigé un cachet astronomique et il fallait bien ajuster le prix du billet en conséquence. Il ne faut donc pas s'étonner du fait que le prix d'un billet de spectacle augmente considérablement à chaque année qui passe. Ainsi va l'humeur du poids lourd de l'industrie musicale, qui exige pleins de cadeaux, de gadgets luxueux et de babioles de la part du promoteur pour daigner lui accorder un de ses concerts et qui se demande par la suite pourquoi le public vieillit au lieu de rajeunir à ses spectacles. Il ne se rend donc pas compte qu'un jeune de moins de 18 ans n'a aucun moyen de se payer un billet à 100$ pièce? À moins de demander l'argent à ses parents.

Mais bon, ceci dit, les Québécois et les Montréalais peuvent demeurer fiers de leur Centre Bell. Car, tranquillement mais sûrement, l'ex-Centre Molson impose son aura et secoue son hameçon sur lequel repose un vaste lot de férus de spectacles de tous genres au nez des superstars internationales. Éventuellement, ceci et cela finiront par peser très lourd dans la balance.





17 mars 2004 - La mini-performance acoustique d'Avril Lavigne livrée au Carrefour Laval, à Laval, lundi dernier est en train de relancer un drôle de débat: le show de centre d'achats, une opération toujours aussi cheap ou un art qui se perd?

En effet, ça fait longtemps qu'on avait pas vu star jouissant d'un aussi grand statut donner un mini-spectacle dans un endroit aussi... commercial. Et grand public. La dernière fois, c'était les Backstreet Boys. Mais c'était en 1996 et le boyband commençait à se faire connaître. En Avril Lavigne, on parle d'une superstar au sommet de sa popularité, canadienne, certes, mais de calibre international qui a déjà vendu des millions de cédés à travers le monde. Et qui s'est produite dans un Centre Bell bondé il y à peine un an.

Alors pourquoi effectuer une tournée de centre d'achats, comme le faisait les starlettes de la pop Tiffany et Mitsou dans les années 80, à ce stade-ci de la carrière de Lavigne? Les gens de BMG, sa maison de disques, parlent d'une manière de se rapprocher de son jeune public, qui n'a pas la chance de se payer un billet de spectacle au prix souvent exorbitant (rappelons que la performance d'Avril de lundi était tout à fait gratuite). Ainsi, un centre d'achats est l'endroit rêvé pour réunir le plus de kids possibles, accompagnés de leurs parents, au même endroit, sans qu'ils ne leur en coûtent un sou.

Cependant, la crédibilité d'un artiste y perd du même coup. Pour les artistes pop bonbon, ça passe encore, mais pour une jeune chanteuse comme Avril Lavigne, qui se targue d'être l'anti-Britney et qui aime arborer un look "punk", le fait de monter sur une scène érigée au beau milieu d'un mall constitue un gros risque lorsque l'on désire être pris au sérieux... et qu'on veut se distancer de Britney Spears. Les détracteurs d'Avril, qui n'ont pas cessé de clamer depuis ses débuts à l'été 2002 que l'interprète de Sk8er Boi n'a absolument rien de punk, doivent se réjouir à l'heure qu'il est.

Quoiqu'il en soit, l'opération a de quoi charmer en bout de ligne. Avril est présentement l'un des plus gros noms du Top 40 et l'une des artistes les plus populaires auprès des jeunes. Le simple fait de daigner livrer un mini-concert dans un cadre aussi intime fait plaisir à voir. Pas nécessaire d'être intouchable pour se faire aduler, tout le contraire en fait. Sauf que se retrouver à admirer une superstar au beau milieu d'un centre d'achats, ça fait ressurgir immanquablement des étiquettes peu reluisantes, comme "popstar hyper-commerciale et jetable après usage" ou, pire, "has been". Fort heureusement, Avril Lavigne n'en est pas encore là.





2 février 2004 - Dès la fin de la partie opposant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre aux Panthers de la Caroline lors du 38e Super Bowl, la chaîne MTV a émis un communiqué pour s'excuser de "l'incident" du spectacle de la mi-temps qui a révélé le sein droit de Janet "Miss Jackson if you're nasty" au monde entier lors d'un duo avec Justin Timberlake qui, incidemment, se prend lui-même un peu trop pour Michael Jackson par moments. "Le déchirement du costume de Janet Jackson (par la main de JT) n'avait pas été répété, n'était pas prévu, était tout à fait non-intentionnel et était quelque chose d'inconsistant avec les assurances que nous avons obtenues à propos du contenu de cette performance. MTV regrette que cet incident ait eu lieu et s'excuse auprès de tous ceux et celles qui ont pu en être offusqués" dixit le communiqué.

Non mais, on nous prend vraiment pour des valises. De très grosses valises avec de très grosses poignées. L'avez-vous vu ce (piètre) spectacle de la mi-temps? Le tout a commencé par une intervention complètement inutile de Jessica Simpson (une chanteuse pop jetable devenue vedette de la télé-réalité), suivie par une chanson plate de Janet. P. Diddy, Nelly et Kid Rock ont ensuite donné de très courtes prestations (de toute façon, personne n'avait besoin de les voir très longtemps) avant que Janet ne revienne livrer la meilleure chanson du halftime show, Rhythm Nation. Justin fait alors son entrée en scène (technique de human beatbox irritante à l'appui) en amorçant l'un de ses gros hits, Rock Your Body. Il se colle sur Janet (les rumeurs veulent qu'une idylle ait déjà eu lieu entre ces deux-là), lance la dernière phrase de Rock Your Body (Cause I gotta have you naked by the end of this song) et déchire le haut du costume de la soeur de Michael, dévoilant à tous et à toutes ce sein (refait) que je ne saurais voir...

Relisez la dernière phrase de Rock Your Body. Rappelez-vous le mouvement qui a mené au déchirement du costume de Janet, un geste qui ne peut pas ne pas avoir été répété. Rappelez-vous également que MTV a produit le spectacle de la mi-temps, donc entièrement contrôlé le moindre de ses aspects, malgré tout ce que la chaîne peut prétendre aujourd'hui - il ne peut pas en être autrement, on parle du halftime show du Super Bowl, calvaire! Et sachez surtout que, sur la section "News" du site web de MTV, quatre jours avant le Super Bowl, on titrait presque en une: "Janet Jackson's Super Bowl Show Promises "Shocking Moments"". "Le déchirement du costume de Janet Jackson n'avait pas été répété, n'était pas prévu, était tout à fait non-intentionnel et était quelque chose d'inconsistant avec les assurances que nous avons obtenues à propos du contenu de cette performance". Riiiiiight... En matière d'hypocrisie, difficile de faire mieux.

Ce qui est vraiment triste, c'est qu'il y a des gens sur cette belle planète (et ils seront sûrement plusieurs, surtout au sein des médias américains) qui vont avaler les rétractions et excuses de MTV (et aussi de CBS, présentatrice du Super Bowl) comme du gâteau moelleux Dunkin Hines, docilement, sans savourer, sans réfléchir. Pour une chaîne qui nous sert des Video Awards de plus en plus futiles et exécrables depuis les cinq dernières années et qui tente de faire passer ses provocations les plus ridicules comme des hauts faits de l'histoire du rock (le "french kiss" entre Madonna et Britney Spears, pour ne donner qu'un exemple récent), MTV, une chaîne jadis révolutionnaire, n'est désormais plus que l'ombre d'elle-même. À l'instar de Michael Jackson, tiens, encore lui. Non, la vraie excuse, c'est à l'intelligence de leurs téléspectateurs qui possèdent un minimum de cervelle et à personne d'autre que MTV la doit.

Des téléspectateurs qui savent que Janet lance un nouvel album le 30 mars prochain...